L'éveil de la conscience

Le bon sens

A priori, vous vous considérez comme une personne en pleine conscience. Comme une personne pleinement libre. Comme une personne responsable.

L’êtes-vous ?

Vous êtes né dans un certain milieu, familial, social, qui vous a fourni la plus grande part de votre éducation. Ce milieu vous a doté d’un bon sens qui vous permet de discerner ce qui est bien de ce qui est mal. Ce bon sens préside à vos décisions, modèle votre genre de vie. D’ailleurs, vous en doterez - ou en avez doté - vos enfants. C’est ce qui a fait le socle de l’éducation que vous aviez reçue et que vous avez transmise (ou comptez transmettre).

C’est le bon sens qui habitait Gandhi dans sa jeunesse. Ecoutons-le parler lui-même de son souci des conventions lorsqu’il était étudiant à Londres :

« Les vêtements que je portais, coupés à la mode de Bombay, ne convenaient pas, pensai-je, aux mondanités anglaises et je m’en procurai de nouveaux aux Magasins de l’Armée et de la Marine. Je m’offris le luxe d’un chapeau tuyau de poêle de dix-neuf shillings – prix exorbitants à l’époque. Non content de cela, je gaspillai dix livres en me commandant un habit à Bond Street, cœur de l’élégance londonienne, et me fis envoyer par mon bon et généreux frère une chaîne de montre double et en or. La correction n’admettait pas le port de la cravate à système : j’appris l’art de nouer moi-même mes cravates. »

Ainsi dans le bon sens de la société moderne et sur un autre plan, quand on embauche quelqu’un, il semble tout à fait normal de chercher à le payer le moins possible, tout à fait normal que les droits de la femme soient contestés tout comme les droits des minorités…

Quand une personne vit selon la loi du bon sens, on dit qu’elle est quelqu’un de sérieux, de responsable, qu’on peut lui faire confiance. Dans son milieu, elle peut même être une référence.

Mais en y réfléchissant … ces préceptes, finalement, ne sont-ils pas limités à la seule expérience du groupe auquel on appartient ? Comme disait Pascal : « Vérité au-delà des Pyrénées, mensonge en deçà…. »

Le choc

Il arrive que les circonstances de la vie viennent bouleverser les règles du bon sens. Toutes sortes de cas peuvent se présenter : on se marie avec une personne issue d’une autre culture, on pense qu’elle devrait être reconnaissante de vivre selon nos principes et c’est le contraire qui se produit, ou bien les enfants s’opposent à nos valeurs, ou encore malgré nos diplômes nous ne pouvons nous faire embaucher à notre niveau de compétences

Laissez-vous remettre en question par ces chocs, laissez-vous conduire par eux à l’autocritique : ils peuvent vous amener à un élargissement de votre conscience. Ne vous fermez pas : vous êtes sur le point d’accéder à une nouvelle perspective de la réalité, à une approche plus vaste de la vérité. A l’image de l’expérience de Martin Luther King, il vous conduira peut-être vers la plus haute réalisation de vous-même.

Martin Luther King nous raconte le choc qu’il a reçu dans sa petite enfance et qui a marqué sa vie, puisqu’il en a gardé la trace jusque dans son âge adulte. On peut même imaginer que ce choc a contribué à son engagement futur et qu’en ce sens il a été éveilleur :

« Depuis l’âge de trois ans, j’avais un camarade blanc qui était à peu près de mon âge. Nous nous étions sentis libres de jouer ensemble. Il ne vivait pas dans notre quartier, mais il venait généralement dans le coin tous les jours. Son père possédait une boutique de l’autre côté de la rue, en face de chez nous. À l’âge de six ans, nous sommes allés tous les deux à l’école – dans des écoles séparées, évidemment. Je me souviens de la manière dont notre amitié s’est mise à s’effriter dès que nous sommes entrés à l’école ; ce n’était pas de mon fait mais du sien. La rupture a été consommée le jour où il m’a annoncé que son père lui avait demandé de ne plus jouer avec moi. Je n’oublierai jamais quel choc immense cela m’a causé." (Autobiographie – Martin Luther King)

L’expérience de la prise de conscience

A partir du moment où vous avez reçu ce choc, vous avez accédé à une conscience élargie.

Gandhi avait reçu un choc très rude dans la gare de Maritzburg en Afrique du Sud. Il était avocat et voyageait en première classe comme son billet l’y autorisait. Pourtant il lui fut demander de passer dans le wagon de troisième classe.En tant qu’Indien il n’avait droit qu’à cela. Comme il refusait, on le jeta du train.

Cet événement, qui vint remettre en cause le bon sens chez Gandhi, est très intéressant pour nous-mêmes à plus d’un titre, en ce sens qu’il nous montre les termes d’un choix :

La première option, ce serait de partir du bon sens pour faire respecter le droit et par conséquent intenter un procès contre celui qui l’a jeté du train car son geste remettait en cause la reconnaissance qu’il avait reçue du Barreau de Londres.

La deuxième option, celle de Gandhi, ce fut de décider de remettre en cause ses propres convictions, fruits du bon sens, ainsi que celles de ses parents, fruits de l’éducation reçue. Cette remise en cause conduira Gandhi à prendre conscience de la condition de toute une frange de la population sud africaine constituée de gens de couleur.

Le fait d’accepter ce choc, de ne pas se retrancher dans la révolte et la colère, a permis à Gandhi de devenir le Mahatma. Vous aussi, en étant dans l’acceptation des événements difficiles de votre vie, vous comprendrez mieux le monde qui vous entoure puisque vous saurez intégrer ses composantes multiples. Vous pourrez alors pratiquer le diagnostic des dysfonctionnements relationnels et, à partir de là, vous pourrez proposer des solutions.

Vous ne prenez plus parti, puisque vous êtes devenu capable d’un amour universel. Vous vivez donc, et vous faites vivre, l’éveil de conscience. Ceux qui vous entourent s’efforcent de vous imiter. C’est ainsi que la conscience globale va s’élever à partir de votre propre éveil, pour le plus grand bien de l’Humanité.