L’humanité a vu naître des êtres d’exception qui ont su, de leur vivant proposer une alternative à la violence.
Dans cette perspective, notre Ecole s’est intéressée à la vie et l’oeuvre de l’Emir Abdelkader, Koffi Annan, Baha’U’llah /Abdul’ Baha, Cheikh Ahmadou Bamba,le Dalaï Lama, Shirin Ebadi, Soeur Emmanuelle, Mahatma Gandhi, Martin Luther King Jr, Wangari Maathai, Nelson Mandela, William Penn, Eleanor Roosevelt, Mère Teresa, et Jody Williams.
L’Ecole soufie internationale a mené une étude approfondie sur la vie d‘une quinzaine d’êtres de paix qui ont eu un tel impact sur la société, en terme de bienfaits, qu’ils sont devenus des symboles impérissables.
Bien que tout les sépare sur le plan des apparences (époque, culture, religion, race …), un idéal commun les unit : celui de la paix. Pour atteindre à cet idéal, ils ont vécu, au plan intérieur, des étapes d’évolution identiques.
Nous en avons identifié 12 qui constituent une véritable « Loi de la paix » que nous avons intitulée « Le Chemin initiatique vers la paix ». Il nous indique comment être heureux en redécouvrant notre vraie nature faite d’amour de la paix.
Dans cette approche, l’histoire apparaît comme une base essentielle du relationnel entre les peuples. Cette relation s’est la plupart du temps faite dans le conflit. Prenons l’exemple de l’Europe : elle est le produit d’une multitude d’affrontements. Elle s’est constituée dans la violence et ceci a généré une profonde souffrance. Tel est le cas de la presque totalité des pays modernes.
Cette mémoire historique définit l’identité de la société de chaque pays ainsi constitué. Elle forge des individus sur des valeurs diverses et conflictuelles. Et cela, pour la raison que donne Pierre Vidal Naquet : « En temps de guerre, les nations racontent l’histoire d’un seul point de vue, le leur. Le seul considéré comme juste. Les héros des uns sont les monstres des autres. L’histoire, les droits et la culture de l’ennemi sont niés. »
On voit déjà ici la source des nombreux problèmes relationnels qui peuvent découler de cet héritage historique.
L’enfance c’est le temps de l’initiation à la relation interpersonnelle. Dans sa famille l’enfant est initié aux valeurs et aux idées, soit en observant ses parents, soit par l’éducation qu’il reçoit d’eux. Or, ces concepts et ces valeurs ne sont pas forcément universels, mais plutôt liés à la culture familiale, qui est le premier conditionnement.
L’enfant attend tout de ses parents. Si ses attentes sont satisfaites, s’il est content, il éprouve une émotion agréable. Il se dit que « maman (ou papa) est gentille ». Si son attente n’est pas satisfaite, cela lui est désagréable et il est emporté dans un tourbillon d’émotions : colère, tristesse, jalousie, impatience… Ses parents sont alors « méchants »… Que s’est-il passé ? Il vient d’apprendre à juger ! La base de nos jugements repose donc d’abord sur nos émotions. Et c’est à partir de ces émotions que nous déterminons le Bien et le Mal, dans une subjectivité totale !
Cette réponse, c’est l’action non violente à la place de la réaction violente, liée au bon sens. L’action non violente elle, est proposée par une conscience éveillée qui forme le socle de la paix intérieure.
Prenons l’exemple du séisme en Haïti. Toutes sortes de secours ont afflué devant l’étendue de la catastrophe. La réaction c’est cela : une réponse a posteriori, une réponse après un drame. L’action, elle, libre et responsable, aurait proposé en préalable à toute éventualité, pour équiper ce pays à haut risque, de construire des infrastructures adaptées et sécurisées.
On ne peut proposer une action non violente sans sortir des sentiers battus du conditionnement. C’est une entreprise difficile. C’est pourquoi le Chemin initiatique de la paix détaille en 6 points les pièges que nous tend ce conditionnement et nous montre les solutions pour y parvenir : utiliser l’intelligence du réel, le pouvoir de la pensée, échapper aux émotions de tristesse, colère et peur, aux complexes de supériorité et d’infériorité, préférer la coopération à la compétition et, enfin, parvenir au pardon. Le pardon lui-même, dans la voie de la non violence, correspond à une autre réalité que ce que l’on en comprend dans la voie du bon sens.
Tout simplement, parce que des personnes habitées par la paix intérieure composent une société de paix. Elles la géreront sur des bases favorables à tous, ne délaissant personne. Ces bases sont principalement l’économie et la politique. Avec la dimension prophétique du service à l’Humanité, c’est-à-dire en intégrant toutes les différences sans exclusion.
Elle a pour but :
Cette économie place l’Être humain et non l’Avoir au centre des préoccupations.
C’est un régime politique qui s’engage à assurer le bien-être à tous. Il ne saurait y avoir d’esprit de clan car la démocratie véritable, portée par des êtres de paix, accepte et intègre toutes les différences de point de vue. Le modèle de société proposé par les figures de la non-violence repose sur la quête du bien-être sans exclusion. Les êtres de paix ont en effet une vision globale de l’humanité perçue comme une famille. Une telle vision est aux fondements même d’une démocratie non étroite, fondée sur la justice, et nécessairement pacifiée.
L’homme est placé devant un choix de vie et les prophètes de toutes les religions sont régulièrement venus éveiller sa conscience pour qu’il s’en souvienne. En mettant au jour ce pouvoir individuel, le prophète donne le moyen de bousculer l’ordre établi vers un monde meilleur pour tous. Ils sont alors combattus, persécutés et souvent tués, non parce qu’ils prient trop, mais parce qu’ils gênent les institutions en rappelant le choix et la liberté offerts à toute créature humaine.
Les êtres de paix qui ont emprunté la voie prophétique ont dû subir, et subissent encore, des persécutions : Martin Luther King, Nelson Mandela, Gandhi et, de nos jours , le Dalaï Lama, Wangari Mathai, Shirrin Ebadi, Aung San Suu Kyi …
En effet, selon l’état de son for intérieur, l’homme va avoir une perception différente de la réalité.
L’homme du bon sens, des conventions est centré sur lui-même. La voie qu’il suivra sera à ses yeux la seule garantie de salut, à l’exclusion de toute autre. Son rapport à l’autre sera marqué par l’égocentrisme. La société ainsi fondée développera un régime économique se traduisant par la course au profit, un régime politique de type plus ou moins totalitaire et une religion nécessairement prosélyte et compétitrice.Tout, dans ce relationnel, porte le germe de guerres idéologiques. Nous sommes donc bien dans la société de violence.
L’homme déconditionné est, lui, centré sur le Tout. Il perçoit toutes les voies comme autant de vérités et il acceptera les particularités de chacune. Il apprécie toute différence avec bienveillance. Elle constitue à ses yeux une complémentarité susceptible d’enrichir sa pensée et sa vie toute entière. Il percevra donc autrui comme un frère et évitera ainsi l’écueil qui consiste à élever des frontières entre les individus. Il n’éprouvera pas en effet le besoin de repérer « ce qui est à moi de ce qui est à toi ».Cette démarche porte en germe la réalisation de l’unité de l’humanité. Telles sont les caractéristiques de la société de paix.
Dans cette logique, l’être de paix n’aura de cesse de faire comprendre aux hommes que chacun d’entre eux a vocation à être un bienfait pour l’humanité. A l’instar des prophètes et des êtres de paix tels que Gandhi, Mère Teresa, le Dalaï Lama, William Penn, Eleanor Roosevelt et tous les autres, il engage sa vie au service des hommes. Il a en effet compris que la voie du bonheur et le sens de la vie, c’est ce service à l’humanité par amour des êtres humains.