Les hommes cherchent à vivre en sécurité. Ainsi, ils en appellent par exemple aux compagnies d’assurances, pour se sentir rassurés. Pour le mariage aussi, même s’il y a l’amour, il faut le sécuriser. Prenons le cas de Bilal, l’esclave devenu compagnon du Prophète de l’Islam, à qui on demanda de châtier quelqu’un qui avait osé défier la société, qui avait osé dévoiler l’insécurité. Bilal, pourtant cerné au sein même de la maison de son maître, refusa fermement. Même celui qu’il devait frapper avait peur pour lui et lui disait : « Non, frappe-moi, sinon ils vont te tuer », mais Bilal n’a pas cédé à cette peur. Cette forme de peur est un trait humain élémentaire. Elle est ancrée en nous et présente depuis l’enfance, depuis notre berceau.
Tous ces hommes vont devenir des Êtres non violents. En quelque sorte, ils avaient défié la société et tous ses moyens de leur faire peur, pour qu’ils abandonnent cette audace. En revanche, jamais ils ne prendront les armes face à cette violence, jamais ils n’utiliseront un langage ou un comportement violents, jamais ils n’auront un regard ou une attitude de violence. Ils n’auront que la non-violence pour faire face à ces gens. C’est pourquoi quand on parle de paix, quand on invoque la non-violence, cela induit d’avoir le courage de vivre dangereusement.
Si les Prophètes et les Êtres de Paix ont vécu dangereusement, c’est parce qu’ils ne connaissaient plus la peur. Or cette peur est tellement enracinée en nous, que partout on a établi des mesures de sécurité, des lois sécuritaires pour préserver nos désirs, nos ambitions, pour préserver et combler nos manques et tout ceci sous couvert de bien-être.
A travers la vie de ces Prophètes et des hommes de Dieu, on découvre que véritablement il n’y a pas de sécurité. Personne n’échappe aux aleas de la vie : personne n’échappe à la mort, personne n’échappe à la maladie ou à la pauvreté s’il les rencontre. Mais ce à quoi on peut échapper et que l’on peut éradiquer, c’est la peur en nous, cette peur si importante dont le Seigneur ne cesse de parler, en disant : « Ils ne connaissent ni la peur, ni la tristesse. » (Coran II, 62 / 274)
L’intégralité de la conférence est disponible dans le livre « L’Être en quête de Vérité »